Lison copule productif

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Je suis revenue de l’île Maurice. Pas de gaieté de coeur, croyez-moi. Mais d’abord, ma bonne Edmée me manquait. Puis, il paraît que je dois faire des dédicaces de mon livre dans tous les foires du livre, de Trifouillis-aux-Oies à Cul-Notre-Dame. Je fais semblant d’adorer ça, c’est bon pour les ventes. Et puis, mes lecteurs m’apportent des chocolats, je les rapporte à Simon, il est très content (Edmée, un peu moins, il paraît que trop de récompenses perturbent ses séances d’apprentissage montessorien).

Ensuite, et surtout, il y a Lison, ma fille. Bon sang que cette enfant me désole. Lison a déjà un garçon, Loup, mais voilà, Lison veut une fille. Lison est con, si vous voulez mon avis. Ca fait déjà quatre mois, dix-huit jours, sept heures et quarante-huit minutes exactement que Lison essaie de tomber enceinte. Je le sais: elle le claironne partout. Mais personne, et encore moins moi, ne veut savoir que Lison et Amaury (mon gendre) copulent productif, c’est à dire tous les trois jours en temps normal, pour que le sperme soit de bonne qualité, ni trop frais, ni avarié (les malformations!) et tous les jours en phase d’ovulation – dont elle ne manque pas de nous tenir informés, moi et tous ses amis. Impossible de l’avoir à dîner ces jours là, ni même au téléphone:  Lison et Amaury copulent. Productif, donc.

Je ne vous parle même pas de ses appels déchirants le premier jour de ses règles, son ventre désespérément vide, ce bébé qui les choisira mais qui prend décidément son temps… Que de niaiseries! De mon temps, on essayait plutôt de ne pas en attraper, des bébés.

Que les choses soient claires: je serai ravie de leur tricoter chaussons et brassières dès la quatrième division des cellules puisque tout Paris sera mis au courant, mais d’ici là, je ne veux pas savoir, personne ne veut savoir. Ca n’intéresse personne, l’utérus de la voisine et ce qui se passe dans son lit.

Du coup, j’ai tellement peur qu’elle ne m’informe en temps réel de la texture de sa glaire cervicale et des positions déjà testées,  que je préfère encore aller faire des sourires niais et écrire des idioties sur la page de garde de mes bouquins à côté du stand saucisses. Au moins, voir tous ces abrutis s’esbaudir, ça me distrait.

J’ai écrit un livre!

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Comme Edmée peut être médisante parfois, même si je l’adore. Je crois, entre nous, qu’elle a un peu mal digéré mon départ précipité à l’Ile Maurice, avec Philippine. Surtout, elle devait se douter que Philippine finirait bien par me convaincre: ce roman qu’elle refusait, j’allais l’écrire! Comme les grands écrivains, j’allais profiter de ma retraite loin du monde (mais près du rhum) pour  réveiller mon talent endormi.

J’ai décidé de commencer par étudier mes contemporains, et j’ai commandé tous les romans commis par les blogueuses ces deux dernières années. Heureusement, Amazon livre à Maurice, et je n’ai pas manqué d’aller poser quelques petits commentaires acerbes sur leurs pages pour faire descendre leur classement, on n’est jamais trop prudent. J’ai passé la première semaine plongée dans mes lectures (pendant que Philippine était plongée dans le regard du GO dont la couleur était assortie à la piscine). Ca ne m’a pas trop fatiguée, ces petites choses sans prétention se lisent presqu’aussi vite qu’elles ont été écrites.

La seconde semaine, j’ai profité du fait que Philippine avait emménagé dans le bungalow du GO pour lui emprunter son ordinateur portable. Je crois bien avoir fait quelques bêtises, comme supprimer par mégarde les mails de sa mère qui l’enjoignait de rentrer à temps pour participer au rallye organisé par son amie Domitille de Überpop (à moins que ce ne soit Tour et Taxis?) mais rien de bien grave, pour mon âge je reste jeune et geek!

Philippine, avant de sombrer dans des mers bleues mais peu profondes (au vu de la vivacité d’esprit de son GO, mais au diable l’avarice et  que jeunesse s’amuse!) m’avait bien coachée:

Granny, il faut que tu écrives un truc moderne. Un truc pour les bobos. Et qu’est-ce qui est hype chez les bobos? Le bio, le vert, le green, Granny!

C’était dans mes cordes. Après tout, Philémon avait toujours cultivé des poireaux dans notre potager (et un poireau personnel assez mal placé si je puis dire, hi hi hi), et je n’avais pas attendu la vague des green smoothies (de la soupe froide pour feignasses) pour préparer de bonnes soupes qui tenaient bien au corps l’hiver.

En quatre jours (parce que le troisième j’ai fait la sieste, un peu assommée par l’abus de rhum arrangé sans doute), j’écrivis soigneusement les deux cent pages de ce qui allait devenir un best seller quelques jours plus tard. En effet, Philippine, au hasard de l’arrivage d’un charter de touristes américains, déserta le bungalow de son GO et s’occupa de relire mon roman, et de l’envoyer avec une petite note dont elle a le secret aux éditions Gaillard. Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une réponse le soir même, de la main de Yolanda de Marnay herself! Ils avaient adoré mon livre, et il serait publié dans la semaine!

Je jubilais. J’imaginais la tête de Dédé1938 (vénère!) et celle d’Experte du Tricot (sanglots). Mais je n’avais pas encore tout vu. Une semaine après sa publication, Edmée m’envoya des photos de toutes les librairies où elle voyait mon livre. De mon côté, je surveillais le classement Amazon de près. Dès qu’un commentaire un peu moins enthousiaste s’affichait sur la page de mon livre, je ripostais par trois commentaires incendiaires sur les livres de mes rivales. Philippine, de son côté, s’occupait efficacement du buzz.

Au bout de quelques jours de liesse (et de rhum), Yolanda de Marnay m’appela pour m’annoncer que nous allions surfer sur le succès de mon livre pour le traduire immédiatement en plusieurs langues, dont l’anglais pour nos amis à l’étranger et le serbo-croate (pour nos amis serbo-croates).

Là, j’attends de voir les chiffres de vente de mon livre traduit en alsacien, un petit rhum à la main.

Il ne me reste qu’à vous remercier d’être aussi cons curieuses d’avoir réservé un accueil aussi chaleureux à mon livre. Un scoop pour vous mes fidèles: je planche déjà sur le prochain!

Quant à Philippine, il va de soi que j’en ai fait ma légataire universelle.

 

 

PS Bien sûr vous pouvez continuer à acheter mon livre et à laisser de gentils commentaires si vous l’avez aimé!

 

 

Formica à gogos

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Quand mon brave Philémon est décédé, il a laissé un grand vide. C’est pas trop qu’il me manquait, c’est surtout que j’en ai profité pour bazarder tous les meubles. Je m’apprêtais à faire livrer toutes ces horreurs à la déchetterie la plus proche, quand Philippine, ma petite-fille chérie (et préférée, je dois bien l’avouer), m’a appris que tout ce fatras valait une petite fortune chez les gogos de sa génération.

Tout ce formica, tous ces meubles en faux bois collés aux substances cancérigènes, ces coussins orange, ces plaids marron, toute cette vaisselle en arcopal à fleurs que je ne pouvais plus voir en peinture, mais que Philémon, un peu pince, refusait que je remplace par de la porcelaine suédoise de qualité (il ne me restait plus alors qu’à en briser régulièrement, mais tout de même, je ne serais jamais arrivée au bout de notre service de mariage sans éveiller ses soupçons), tout cela avait donc une valeur ?

Philippine, comme toujours, a eu une idée de génie. Par un bel après-midi ensoleillé, nous avons vidé entièrement la remise du jardin, et disposé tous mes meubles dedans. J’ai cousu quelques fanions dans les vieux pyjamas de Philémon pour décorer un peu cette boutique éphémère, et nous avons convié tous ses amis et ses followers à une extraordinaire (surtout pour les prix, hi hi hi) vente exclusive de mobilier et vaisselle vintage.

Tandis que tout ce beau monde bobo se pressait (et piétinait mes bulbes de jacinthes) Philippine me faisait de gros clins d’œil de derrière la boîte à biscuits bretons qui nous servait de caisse. Je n’en revenais pas de ce que ces idiots pouvaient payer pour de vieux rossignols que j’avais toujours trouvés moches et sans goût, mais que voulez-vous, à notre époque, H&M ne faisait pas de collection Home et Ikea attendait en les arrosant régulièrement de colle (pour gagner du temps) que ses pins poussent pour les débiter en meubles au nom imprononçable sans avoir quelques grammes d’Aquavit dans le sang.

Le clou de la collection fut sans conteste le mobilier de la chambre des enfants, une blogueuse parisienne spécialisée dans le recyclage de mobilier vintage pour enfants fit un croche-pattes ma foi fort habile à une congénère pour chiner les chaises d’écolier dépareillées que nous avions récupérées lors de la fermeture de l’école de Benjamin, mon aîné.

A la fin de la journée, la remise était vide (même les fanions en vieux bouts de pyjamas avaient trouvé acquéreur ! J’en pleure encore de rire. S’ils savaient que Philémon pétait au lit !) et nous nous offrîmes un petit remontant. Un doigt (le majeur, dans le sens de la longueur) de porto pour moi, un mojito pour Philippine. Quand nous eûmes fini de compter la recette de la journée, il y avait assez pour nous envoyer toutes les deux illico presto à l’Ile Maurice.

Ma routine beauté

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J’ai toujours été coquette. J’ai toujours aimé sentir la rose et la violette, tandis que mes contemporaines sentent le plus souvent la soupe aux poireaux dès sept heures du matin. Je ne parle évidemment pas de celles qui sentent la pisse, les pauvres, nous avons enfanté avant l’invention de la rééducation périnéale à base de pont-levis et de châteaux-forts.

Dès le matin, je prends un citron pressé dans de l’eau chaude, comme les stars hollywoodiennes (je n’ai jamais aimé le Ricoré). Ensuite, après quelques étirements et, les jours où je me sens en forme, une salutation au soleil, je file sous la douche. Je n’y faisais pas trop attention plus jeune, mais depuis que j’ai vu les fesses d’Andrée, je n’omets jamais un bon gommage de cette zone sensible, avant un bon crémage. Je n’ai encore rien trouvé de meilleur que ma fidèle crème à trayons. J’en mets partout, en insistant sur les rugosités des pieds, desgenoux et des coudes,  je me sens tellement hydratée ensuite que j’ai souvent envie de meugler de bonheur.

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On m’a souvent demandé d’où venait la jeunesse de mon visage. Mon secret: rire beaucoup, surtout des autres évidemment, il ne faut jamais garder d’aigreur sur l’estomac,  un petit Porto à l’apéritif, un peu d’exercice physique,  et ma crème fétiche chaque matin:

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Pour mes cheveux, j’alterne mes deux shampoings chouchous, entre mes rendez-vous mensuels avec Figaro, mon coiffeur-confident (et confidentiel), qui vient faire ma mise en plis à domicile tout en sirotant un roiboos.

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Un shampoing pour donner un éclat argenté à mes cheveux blancs soyeux, et celui-ci, que j’ai conseillé à ma bonne Edmée, qui commence à laisser autant de poils sur mon canapé en velours que Simon quand ils viennent prendre le thé (chut, que ceci reste entre nous).

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Bien sûr, une fois par mois, je vais faire une « beauté des pieds » chez la pédicure et une « beauté des mains » chez la manucure. Il y a bien longtemps que je n’ai vu l’esthéticienne pour une épilation, à mon âge, la dernière repousse date d’il y a dix ans, et j’ai la chance de n’avoir pas trop attrapé de moustache comme Dédé1938, eh oui, on ne peut pas rafler tous les articles sponsorisés sans avoir quelques inconvénients et effets secondaires à tester toutes les saletés de produits vendues dans les Beauté Box!

Rendez-vous dans un autre billet pour vous parler maquillage!

 

 

Liens non affiliés, mais on ne désespère pas.

 

La famille zèbre

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J’ai la chance d’avoir des petits-enfants pas complètement cons. Philippine, ma préférée, est aussi délicieuse que vive (tout moi au même âge, quoi qu’en pense son père, mon gendre).

Du côté de mon fils, Benjamin, les trois rejetons sont aussi assez facétieux, pas montés à l’envers et complètement lobotomisés par la télévision. A l’école, ça marche plutôt bien aussi – faut bien dire que le niveau général baisse constamment, et que savoir lire en fin de CP relève maintenant pratiquement du miracle vu les méthodes utilisées.

Du coup, ma bru, Nathalie, s’est mise en tête qu’ils étaient sans doute surdoués. Il paraît que pour ne pas les brusquer, ces pauvres chéris, on ne dit plus surdoués mais  enfants précoces ou zèbres. On s’offusque moins quand il s’agit de leur faire passer et repasser des tests de QI (qui ne s’appellent plus comme ça non plus) au lieu de les laisser passer leur mercredi après-midi à construire des cabanes dans mon jardin.

Vous comprenez, me dit Nathalie l’autre jour, le dernier test ne montre rien chez Léo-Paul, mais il était peut-être stressé par son examen de viole de gambe au conservatoire l’après-midi? Il a très bien pu perdre ses moyens devant l’enjeu! Et puis, en se renseignant, Benjamin pense être également un zèbre que vous auriez négligé de déceler. 

La conne. Benjamin n’est ni un zèbre ni un âne, c’est mon fils, très intelligent certes, mais pas assez pour éviter d’épouser cette grue hystérique. Si c’est pas une preuve indéniable.

Bref, voilà Nathalie à la tête d’un élevage de pseudo-zèbres. Elle ne rate jamais une occasion de me rappeler qu’elle a un QI de 154, comme Sharon Stone (mais j’espère qu’elle a plus de culottes), et que les chiens ne faisant pas des chats (il faudra que je vérifie auprès d’Edmée, Simon est tellement formidable qu’il en serait bien capable), il serait normal et non pas exceptionnel que leurs trois enfants tiennent de leur mère et soient donc surdoués.

Bon sang qu’elle est fatigante. Ne peut-on pas laisser ces enfants cinq minutes salir leur marinière Petit-Bateau (l’uniforme du zèbre, forcément) comme tous les enfants sans tenter de leur rentrer tout Wikipédia dans le ciboulot avant leurs dix ans? Mais évidemment, une marinière tachée de mousse au chocolat, c’est moins photogénique sur les réseaux sociaux que des enfants -d’autres zèbres, tous, évidemment – déguisés à longueur de journées en Lord Fauntleroy.

 

 

La vraie magie de Noël

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Je n’aime pas vraiment Noël. Mais enfin, comme je ne veux pas vieillir seule avec mes chats, vu que je n’ai pas de chats (je crains que Simon n’apprécie pas cette trahison), je fais un effort. Enfin, surtout parce que mon fils, Benjamin, qui comme son nom ne l’indique pas est l’aîné, garde toujours une bouteille de Porto pour moi dans l’armoire, et que je ne suis jamais contre une petite part de bûche glacée. Donc, le soir du réveillon, j’ai mis ma plus belle gaine, enfilé mes bas de contention, et hop, à Créteil.

Bon sang, ce que le réveillon de Noël est devenu chiant ! Benjamin est marié à une de ces jeunes femmes modernes qui remettent tout en question (mais préfèrent allaiter leurs enfants jusqu’à leur majorité). Nathalie, est d’accord pour fêter Noël, mais attention :

-on ne ment pas aux enfants, exit le Père Noël

-on est athée, exit la crèche et le Petit Jésus

-on est végétarien et contre la cruauté envers les animaux, exit la dinde aux marrons

-on est anti-consumériste, exit les cadeaux

-on est écolo , exit le sapin

-on est intolérant à tout sauf à la connerie, exit les bonnes choses

Punaise, heureusement que Benjamin m’a filé en douce mon petit Porto pour supporter ça. Alors moi, toutes ces conneries, à la fin, ça m’a gonflée. J’ai pris mes petits-enfants sous le bras, et je les ai emmenés au Centre Commercial, le temple du maudit.

On a vu le Père Noël. J’ai juché les plus jeunes sur les genoux râpés de son costume rouge, je les ai pris en photo avec mon smartphone. Ils ont trouvé sa barbe bien douce. On a acheté pour une fortune de décoration, toutes plus kitsch les unes que les autres. Après, on est allés au magasin de jouets, j’ai fait un grand clin d’œil au vendeur pour qu’il livre à la maison quelques heures plus tard tout ce que mes petits avaient repéré. On est allés voir les crèches, les illuminations, les sapins, écouter les chants de Noël à la cathédrale. J’ai dégusté un petit vin chaud à la cannelle avec Philippine (chut, si sa mère savait) pendant que ses frangins tournaient sur les chevaux de bois (et j’ai eu envie de couper les couilles à Garou). En rentrant, on a fait une pause chez le traiteur, et croyez-le ou non, le vrai miracle de Noël, c’est qu’il lui restait une belle dinde bien dorée.

Je crois que Nathalie me déteste cordialement, mais qu’est-ce qu’on a rigolé avec les gamins !